Quelle est la perception des équipes soignantes face à l’essor des nouvelles technologies dans le domaine de la santé ?
Jean-Marc Pocard : Les retours sont globalement positifs. Même si les besoins ne sont pas toujours formulés de manière explicite, il existe une réelle attente pour des outils qui allègent notre quotidien, renforcent la sécurité des soins et contribuent à une meilleure qualité de vie et des conditions de travail (QVTC). L’usage des téléphones mobiles en est un bon exemple : ils sont largement plébiscités, que ce soit pour photographier une plaie et suivre son évolution ou encore alimenter le dossier patient informatisé (DPI) au lit du patient. Ce type d’outil simplifie les pratiques des soignants et joue un rôle clé dans l’attractivité des établissements.
Quid de l’intelligence artificielle ?
Les outils intégrant de l’IA ont un rôle majeur à jouer à l’hôpital, et cela à plusieurs niveaux : en imagerie médicale – un domaine pionnier en la matière –, mais aussi dans la gestion des plannings, le recours aux vacataires et intérimaires, ou encore la sécurisation des soins, notamment en limitant les risques d’erreurs ou d’interactions médicamenteuses. Là encore, pour développer des solutions pertinentes, il est indispensable d’impliquer les soignants en amont, afin de répondre à leurs besoins réels. Les innovations doivent être pensées comme complémentaires : les données recueillies au chevet du patient via les smartphones, par exemple, peuvent alimenter les algorithmes d’IA en temps quasi réel, renforçant ainsi leur efficacité.
Comment choisir les « bons » outils et les adapter réellement aux besoins des soignants ?
J’ai toujours constaté que les développements portés par les éditeurs et les choix opérés par les directions restent très médico-centrés. Pourtant, il est essentiel que les établissements se rapprochent des équipes soignantes pour identifier concrètement leurs contraintes et leurs besoins. Je pense par exemple ici à l’étiquetage des perfusions : une tâche particulièrement chronophage, encore réalisée à la main dans 95 % des cas par les soignants, alors qu’elle pourrait être facilement automatisée. Mais encore faut-il que les décideurs aient connaissance de ce besoin, et que les soignants soient informés des possibilités techniques existantes. Pour lever ces freins, je préconise depuis plusieurs années la création de postes de Chief nurse informatics officer. Opérant dans de nombreux pays du nord de l’Europe, ces infirmiers formés aux enjeux du numérique, font le lien entre les professionnels de terrain, les services informatiques et les directions ; ils sont les garants d’une transition digitale alignée avec les réalités du soin.
Le mot de la fin ?
Je milite également pour la mise en place généralisée de l’identifiant unique des dispositifs (IUD), un outil essentiel pour une traçabilité claire et rigoureuse des dispositifs médicaux. Il répond à des enjeux très concrets du quotidien, comme le suivi des soins et la gestion optimisée des stocks. Les technologies existent, il est temps de nous en emparer pleinement. Les soignants doivent être informés qu’elles sont à leur portée, et les établissements ont la responsabilité de les mettre en œuvre. C’est un levier à la fois pour sécuriser les soins et améliorer la qualité de la prise en charge des patients.
> Article paru dans Hospitalia #69, édition de mai 2025, à lire ici
Jean-Marc Pocard : Les retours sont globalement positifs. Même si les besoins ne sont pas toujours formulés de manière explicite, il existe une réelle attente pour des outils qui allègent notre quotidien, renforcent la sécurité des soins et contribuent à une meilleure qualité de vie et des conditions de travail (QVTC). L’usage des téléphones mobiles en est un bon exemple : ils sont largement plébiscités, que ce soit pour photographier une plaie et suivre son évolution ou encore alimenter le dossier patient informatisé (DPI) au lit du patient. Ce type d’outil simplifie les pratiques des soignants et joue un rôle clé dans l’attractivité des établissements.
Quid de l’intelligence artificielle ?
Les outils intégrant de l’IA ont un rôle majeur à jouer à l’hôpital, et cela à plusieurs niveaux : en imagerie médicale – un domaine pionnier en la matière –, mais aussi dans la gestion des plannings, le recours aux vacataires et intérimaires, ou encore la sécurisation des soins, notamment en limitant les risques d’erreurs ou d’interactions médicamenteuses. Là encore, pour développer des solutions pertinentes, il est indispensable d’impliquer les soignants en amont, afin de répondre à leurs besoins réels. Les innovations doivent être pensées comme complémentaires : les données recueillies au chevet du patient via les smartphones, par exemple, peuvent alimenter les algorithmes d’IA en temps quasi réel, renforçant ainsi leur efficacité.
Comment choisir les « bons » outils et les adapter réellement aux besoins des soignants ?
J’ai toujours constaté que les développements portés par les éditeurs et les choix opérés par les directions restent très médico-centrés. Pourtant, il est essentiel que les établissements se rapprochent des équipes soignantes pour identifier concrètement leurs contraintes et leurs besoins. Je pense par exemple ici à l’étiquetage des perfusions : une tâche particulièrement chronophage, encore réalisée à la main dans 95 % des cas par les soignants, alors qu’elle pourrait être facilement automatisée. Mais encore faut-il que les décideurs aient connaissance de ce besoin, et que les soignants soient informés des possibilités techniques existantes. Pour lever ces freins, je préconise depuis plusieurs années la création de postes de Chief nurse informatics officer. Opérant dans de nombreux pays du nord de l’Europe, ces infirmiers formés aux enjeux du numérique, font le lien entre les professionnels de terrain, les services informatiques et les directions ; ils sont les garants d’une transition digitale alignée avec les réalités du soin.
Le mot de la fin ?
Je milite également pour la mise en place généralisée de l’identifiant unique des dispositifs (IUD), un outil essentiel pour une traçabilité claire et rigoureuse des dispositifs médicaux. Il répond à des enjeux très concrets du quotidien, comme le suivi des soins et la gestion optimisée des stocks. Les technologies existent, il est temps de nous en emparer pleinement. Les soignants doivent être informés qu’elles sont à leur portée, et les établissements ont la responsabilité de les mettre en œuvre. C’est un levier à la fois pour sécuriser les soins et améliorer la qualité de la prise en charge des patients.
> Article paru dans Hospitalia #69, édition de mai 2025, à lire ici